Une des questions qui me parait essentielle dans la pratique du coaching est la suivante. « En quoi suis-je co-responsable de la réalité que je suis en train de vivre ? »
Cette question entraine celui qui la pose (ou se la pose) à développer une lucidité sur la réalité de ce qu’il vit. En d’autres termes : voir sous un angle différent la réalité vécue, et exprimer ce que l’on voit. C’est une étape importante qui très souvent conditionne la capacité du coaché à décider de son changement (ou pas). Cette lucidité s’accompagne d’une prise de conscience fondamentale. La réalité n’est pas une vérité. Chaque acteur de l’écosystème du coaché verra sa réalité se transformer en fonction entre autre du « travail de lucidité » qu’il entreprend. Développer sa lucidité à travers ce questionnement est possible sur le passé, présent et futur.
Voir différemment son passé peut transformer son futur. Voir son futur sous un nouvel éclairage peut transformer son présent. Voir et dire ce que je vois va impliquer une responsabilité de celui qui s’exprime et qui s’inscrit dans l’action. Que vais-je faire de cette prise de conscience, de cette lucidité ? Plusieurs options s’offrent. Continuer à vivre ce que je vis sans rien changer dans mes actions. Décider de changer mais ne rien faire. Commencer une transformation en agissant différemment. (Le premier petit pas possible).
Un exemple simple pour illustrer mon propos.
Pierre est le manager de Fabrice. A l’issue d’une réunion, Fabrice informe Pierre qu’il a été blessé par ses propos lors de la réunion car il s’est senti dévalorisé devant d’autres personnes. Pierre a donc reçu une information qui éclaire d’un jour différent sa relation avec Fabrice dans le contexte de la réunion qui s’est déroulée. Il prend conscience de l’impact de son comportement sur Fabrice, même si l’intention de Pierre n’était pas de blesser Fabrice. Pierre n’est pas responsable des émotions de Fabrice. Cependant il est lucide sur l’impact de son comportement. Il devient responsable de ce qu’il veut faire de cette lucidité dans sa relation avec son collaborateur. Dire ce qu’il a vu de nouveau à Fabrice. Changer son comportement…. ou pas.
S’il ne fait rien, et continue à se comporter de la même manière, se pose la question de son intention dans sa relation avec Fabrice. Cette question sur la réalité de l’intention de Pierre, a comme effet d’éclairer le manager sur une part d’ombre et engage sa responsabilité dans la qualité de la relation avec Fabrice.
Se questionner, voir sous un autre éclairage, dire ce que je vois, exprimer ce que je ressens dans cette nouvelle réalité, et se questionner à nouveau. « Qu’est-ce que je veux faire de cette vision différente de ma réalité ? Ce processus interne permet de créer un lien entre la lucidité et sa propre responsabilité face au choix et à la décision d’agir. Elle élargit notre zone de liberté et renforce notre responsabilité dans le devenir de la qualité de nos relations à autrui.
« Il faut toujours dire ce que l’on voit : surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. » Charles Péguy ; Notre jeunesse (1910)
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